à propos de Felix Haspel

Félix Haspel, peintre, sculpteur, aquarelliste et tisserand tapissier, enseigna l'art textile pendant plus de 25 ans à l'Académie des Beaux Arts de Vienne. Il se consacre désormais au Sahara, depuis trente ans. De nombreux voyages prolongés lui permirent d’atteindre les zones les plus reculées du désert Nord Africain. Son œuvre tout entière est empreinte des sons, des odeurs, des nuances de lumières et de couleurs omniprésentes dans le désert.

 


 

Tapisserie

Félix Haspel est un artiste du textile. S'il aime à créer des sculptures de fer ou de pierre, il se considère avant tout comme un artiste du textile. Il fut en effet  l'élève du professeur Josef Schulz, l‘un des précurseurs de la tapisserie moderne en Autriche. Après son admission à l'Académie des Beaux Arts, il se consacra rapidement à la tapisserie. Une exposition de gobelins français modernes de Jean Lurçat à Vienne et la participation d'artistes autrichiens à la renaissance de l'art textile influencèrent beaucoup Félix Haspel dans ce choix d'expression artistique. Aujourd'hui, en Autriche, Félix Haspel est considéré comme l‘un des artistes textiles majeurs. Il a trouvé un langage artistique tout à fait particulier en « jouant » avec la luminosité des couleurs de la laine qui fait de chacune de ses tapisseries une « peinture » à part entière. C'est pourquoi Félix Haspel, contrairement à d’autres artistes, tel Jean Lurçat, par exemple, a toujours combattu les « ateliers de réalisation ». Pour Felix Haspel, le travail de l'artiste a lieu principalement sur le métier à tisser, tandis que la division du travail dans les manufactures entre cartonniers et teinturiers, voire tisserands salariés, « tue » les dessins de l'artiste.

Le peintre, le concepteur, doit donc impérativement être aussi le réalisateur sur le métier à tisser. Le dessin n'est qu'un croquis, le métier à tisser, l'instrument. Ils doivent donc être l‘un exécuté, l’autre manié de la même main. La laine est l’un des matériaux les plus sensibles. Grâce à sa luminosité extrême due à sa composition de différents fils teintés par l'artiste lui-même, elle permet d'obtenir des surfaces vivantes et lumineuses. Cette ancienne technique gothique est elle-même issue de techniques ancestrales telle que celle des Étrusques, le « kilim ». Utilisant jusqu´à dix fils de tissage par centimètre elle permet de créer en toute virtuosité n’importe quelle couleur ou surface imaginable.
Si Felix Haspel se tourne aussi vers d'autres techniques artistiques, le tissage reste, à côté de la peinture, de la sculpture et du graphisme, son moyen d’expression le plus marquant.

Les aspects « textiles » se retrouvent aussi et surtout dans ses sculptures.

Sculptures

Felix Haspel, sculpteur, utilise des éléments textiles comme moyen d'expression aussi bien pour ses œuvres de fer que de pierre.

Dans le domaine de la sculpture en particulier il modèle ses sujets sous certaines contraintes en les pressant ou les compressant. Par ailleurs il n'hésite pas à détourner des objets obsolètes de la vie courante, des objets dits « jetables »,  pour leur donner une deuxième vie, les rendant ainsi plus authentiques encore. 

Ainsi la rouille, témoin et précurseur de la disparition d'un objet de notre société de consommation, devient-elle un élément de qualité parfaitement intégré au travail de l'artiste. En élargissant les moyens d'expressions du textile classique aux  matériaux comme la pierre, le bois ou le fer, l'artiste s'ouvre à de nouveaux moyens d'expression, sans négliger pour autant les principales formes d'expression du textile. Avec l'aide de moules faits à partir d'objets de la vie courante, les matériaux comme le béton, le ciment ou le sable de quartz sont pressés pour obtenir une forme particulière. Il reste suffisamment d'espace vide pour que la matière s'écoule librement. Cette mise en forme spontanée au moment du moulage laisse pourtant à l'artiste tout loisir d'intervenir comme il l'entend.

 

Luminaires

Félix Haspel conçoit et réalise une grande variété de luminaires destinés à des mises en scènes particulières. Travaillant sur commande il utilise de la fibre de verre luminescente, des diodes, du métal, du verre ou encore diverses matières synthétiques. Ici aussi l'aspect du textile prédomine. Les fibres de verre sont tressées, le verre en fusion est plissé et plié, les parties métalliques pliées entre elles.

Comme dans ses aquarelles on trouve ici des éléments et matériaux différents impliquant la lumière en tant qu‘énergie visible qui donne au rythme d'un paysage son unité.

 

Aquarelle

Félix Haspel, peintre, laisse couleurs et pensées affluer en un jeu changeant, les rendant ainsi visibles au spectateur. Ses aquarelles sont elles aussi inspirées de ses nombreux voyages dans les déserts d'Afrique du Nord où la lumière est omniprésente. Chacune de ses aquarelles évoque le rythme et la mélodie des paysages qui l'inspirent. Il exécute petits travaux et croquis directement, sur place. Quant aux travaux plus importants, ils sont réalisés dans son atelier de Vienne. Par cette technique de peinture Haspel laisse libre cours à ses impressions intérieures, ses pensées se fondent dans les couleurs de ses aquarelles. Plus que la représentation de paysages réels, ses aquarelles sont des images intérieures, une quintessence du vécu, du ressenti et du souvenir. Ces images s’orientent moins vers la géologie que vers la sensibilité de l'observateur. L'artiste met en image sa pensée du désert plus que le paysage réel qu'il a sous les yeux.

Contrairement aux autres disciplines, telle la tapisserie où le projet est planifié, exigeant un travail de plusieurs mois, ou la sculpture, dans laquelle la spontanéité n'est possible que pendant certaines phases de la réalisation, l'aquarelle est un travail direct et impulsif.

La symbiose immédiate entre la pensée et l'action, les souvenirs et l'expression est impérative. Il n'y a aucune place pour la correction. Ici l'artiste ne fait qu'un avec son pinceau, son expression est totalement personnelle.

Le Land art

Dans nul autre endroit au monde la perception n‘est aussi précise que dans le désert. Pour Félix Haspel le désert est un endroit crucial: dans le désert règne l'instant.
Félix Haspel n'hésite pas dire que « lorsque nous prenons une pierre dans la main, nous la prenons comme le faisait l'homo sapiens il y a 200 000 ans, mais nous apportons notre connaissance, notre philosophie, notre influence culturelle. Dans chaque culture, le langage des signes, celui du symbolisme, est un dialogue avec la nature. Le fait de pendre une pierre dans la main, par exemple, peut se traduire comme un dialogue avec cette pierre. Ce processus archaïque de langage est impressionnant lors d’une immersion dans des contrées aussi spectaculaires que celles rencontrées au Sahara. L'homme a d'ailleurs commencé à développer une mémoire collective en dessinant ou en gravant les premières ébauches artistiques que l'on découvre encore aujourd'hui... L'artiste, lui, participe à la construction de cette mémoire collective depuis des millénaires ».
Pour Félix Haspel, voyager dans le désert c'est aussi se mesurer à un  environnement hostile, entamer un dialogue avec des éléments naturels peu amènes. L'étendue et l'infini du désert sont paradoxalement l'endroit idéal pour une expression artistique du vécu. L'instant prime dans le processus créatif. La force de l'œuvre créatrice est mue par le courage de donner à l'instant la plus haute importance. De plus « l‘hier et l‘aujourd'hui », les  éléments et les sentiments se confondent, surtout lorsque l'on se trouve sur un sol aussi peu avenant que celui d'un désert. Il faut beaucoup de temps pour apprivoiser le désert. On le fait petit à petit, pas à pas, avec une grande patience. La relation entre l'homme et le désert ne peut se développer qu'après les premières impressions de grandeur, d'immensité etc. L'homme n'ose pas s'approprier le désert, il n'ose pas le tutoyer, il s'en approche peu à peu avec beaucoup d'humilité, avec prudence. C'est dans cette démarche que s'éveillent la sensibilité et  l'inspiration de l'artiste.

Félix Haspel, qui a réalisé de nombreux projets de Land Art dans les déserts d'Afrique du Nord, en est tout à fait convaincu. Toute son œuvre est un dialogue entre lui-même et le désert qu'il ne cesse de découvrir, toujours un peu plus….